Le gang des pickpockets de Disney jugé à Meaux !
29 août 2017 à 8h49 par Mikaà«l Livret
Ils sont 12 dans le box des accusés dès ce mardi. Sept femmes et cinq hommes, pour la plupart de nationalité roumaine, comparaissent pour des centaines de vols auprès des touristes du parc Disney entre 2014 et 2016.
Les chiffres ont de quoi donner le tournis. Un millier de plaintes comptabilisées en six mois, un butin estimé à plus d’un million d’euros. De l’argent liquide, des téléphones portables, de la maroquinerie de luxe ou des bijoux pour l’essentiel. Et des voleurs à peine sortis de l’enfance, les plus jeunes ayant 12 ans.
À partir de ce mardi et durant quatre jours, sept femmes et cinq hommes, pour la plupart de nationalité roumaine et appartenant au même clan, comparaissent devant le tribunal correctionnel de Meaux (77). Jugés pour « vol en bande organisée », « recel » et « blanchiment », mais également « incitation de mineurs à commettre des délits » et « délaissement de mineurs de moins de 15 ans », certains d’entre eux encourent jusqu’à trente ans de réclusion criminelle.
L’enquête démarre en mars 2015. Le commissariat de Chessy (Seine-et-Marne) constate une forte augmentation des vols à la tire aux abords de Disneyland Paris et dans le RER A desservant le célèbre parc d’attractions. Le centre commercial Val d’Europe, à proximité du parc et très fréquenté par les touristes, est également ciblé. Les victimes décrivent des voleurs appartenant à la communauté roms et ayant, malgré leur jeune âge, un mode opératoire bien rodé.
Les mineurs agissaient en milieu d’après-midi, par groupe de trois ou quatre : le premier détournait l’attention, le deuxième en profitait pour faire les poches et le troisième faisait disparaître le bien volé, avait expliqué Jérôme Georges, le commissaire en charge du dossier.
La police a beau procéder à des interpellations, elles restent sans effet : les mineurs donnent à chaque fois une fausse identité, refusent d’apposer leurs empreintes et s’enfuient des foyers où ils sont systématiquement placés pour pouvoir recommencer à voler. Malgré les nombreuses interpellations, rien n’y fait les vols s’enchainent et la police commence à croire que des jeunes adolescents ne sont que les petites mains d’un plus vaste réseau.
Filatures, écoutes téléphoniques, suivis des « mandats cash »… L’enquête les mène jusqu’en Roumanie. À la tête de ce clan, qui ne compte pas moins de huit branches familiales, Marian Tinca, le « patriarche », 57 ans, et son ex-femme, Maria Lamandita, 51 ans, qui comparaissent détenus. D’après les écoutes téléphoniques, le patriarche félicite ou réprimande, se montre parfois violent quand les butins sont trop maigres. Son ancienne compagne s’occupe de réguler l’argent au profit du reste de la famille et d’envoyer des mandats cash vers la Roumanie. Sur place, l’argent est réinvesti par ses différents membres dans l’achat d’appartements, de terrains et de voitures. Tout le clan, dont aucun membre n’a de revenu déclaré, est mis à contribution : les aînés sont chargés de surveiller les mineurs voleurs afin qu’ils s’acquittent bien de leur mission et remettent l’argent volé.
Une jeune fille décrite comme habile rapportait entre 500 et 800 euros par jour
Âgés de 12 à 17 ans, les sept mineurs impliqués, qui opéraient également sur les Grands Boulevards et la ligne 9 du métro, ont déjà été jugés par le tribunal des enfants. Trois d’entre eux, âgés de moins de 13 ans, ont reçu un avertissement. Les quatre autres ont été condamnés à des peines allant de six mois ferme à vingt-six mois ferme. Parmi eux, une jeune fille décrite comme particulièrement habile, qui rapportait entre 500 et 800 euros chaque jour à sa famille. Elle avait été mise en cause 48 fois dans des procédures pour vol.
Outre les dix membres du clan, le gérant d’un hôtel à Pantin, en Seine-Saint-Denis, qui percevait des loyers en liquide, est renvoyé pour blanchiment, ainsi que son père. Un restaurateur chinois de Pigalle, à qui les enfants remettaient l’argent pour éviter de se faire prendre avec des espèces sur eux, est poursuivi pour sa part pour recel. Le jugement est attendu vendredi.