Val-de-Marne : Un blocus dégénère au lycée polyvalent de Cachan
5 mars 2024 à 16h29 par Rubens Constantino
Des scènes violentes ont eu lieu ce mardi matin en marge du blocage du lycée polyvalent de Cachan. Poubelles incendiées, affrontements avec les forces de l’ordre et un premier individu interpellé. Le calme est finalement revenu après l’intervention de policiers en fin de matinée
Le lycée polyvalent Gustave Eiffel de Cachan a été bloqué ce mardi 5 mars au matin par une centaine d’individus. Certains encagoulés, ont mis le feu à des poubelles devant l’établissement, noircissant sa façade, d’autres ont envoyé des projectiles sur les forces de l’ordre présentes sur place. D'autres dégradations ont été commises, un véhicule de particulier et un second appartenant à la police municipale ont été retournés et pour le moment, un individu a été interpellé par les forces de l’ordre. L'interpellation a d'ailleurs été filmée et postée sur le compte Snapchat d'un jeune présent sur les lieux.
La manifestation avait pourtant démarré de manière pacifique ce matin, avant que les premières échauffourées éclatent avec des membres de la police nationale. Ces derniers auraient ensuite « gazé les élèves » afin de les disperser selon Inès, 18 ans, lycéenne de l’établissement dont les propos ont été recueillis par BFMTV.
Les origines du blocage
Les professeurs du lycée polyvalent Gustave Eiffel de Cachan (Val-de-Marne) avaient exercé leur droit de retrait la semaine passée. Ils dénonçaient, en chœur avec les élèves, la vétusté et l’insalubrité de l’établissement. En effet, les différentes déclarations d’élèves et enseignants font état de présence de rats dans l’école, des dalles qui tombent du plafond, des fuites d’eau qui atteignent le couloir ou encore une possible présence d’amiante dans certaines salles. En été, les élèves déplorent des classes où la température était de 45 degrés et de -5 degrés en plein hiver. Tant d’éléments qui ont poussé les enseignants à se mobiliser et demander, à l’instar de Céline Malaisé, conseillère régionale, « des travaux en urgence au sein de l’établissement et d’engager son projet de rénovation ».
Ce matin un blocus d'étudiants a dégénéré devant un lycée de #Cachan attaqué par des individus cagoulés.
— Officiers et Commissaires de police (@PoliceSCSI) March 5, 2024
Un véhicule de la #police municipale a été caillassé, une voiture retournée, des poubelles incendiées.Inadmissible !
pic.twitter.com/QC8IlY9abb
Néanmoins, la situation semblait s'améliorer et un blocus qui avait été prévu la veille (lundi 4 mars) avait même été annulé. Un optimiste que l'on retrouve très largement dans un communiqué des personnels du lycée en date du 28 février : « une trentaine de radiateurs, réclamés depuis des mois, ont commencé à être livrés pour les classes les plus froides. Plusieurs salles présentant un fort risque liés à l’amiante ont été condamnées. […] Une société a été mandatée pour dératiser. La liste des signaux positifs est longue. »
Une réunion entre les membres du conseil d’administration et une délégation de la région Île-de-France se déroulera le 7 mars prochain, le but étant de mettre concrètement en place ce qui a été demandé car même si les ambitions sont bonnes, le temps presse. Toujours selon ce communiqué : « Nous ne pouvons attendre le début du chantier de rénovation globale en 2026 pour retrouver un cadre de travail acceptable ».
Des élus et des enseignants qui condamnent ces violences
Hélène de Comarmond, maire de Cachan, a condamné via son compte X les violences survenus ce matin devant le lycée. Des incidents et des comportements violents qu’elle juge « inacceptable ». Elle a tenu notamment à remercier les agents communaux qui se sont déplacés, tant les sapeurs-pompiers que les effectifs de Police Nationale mobilisés ce matin.
Valérie Pécresse de son côté a annoncé que la région Île-de-France – dont elle est présidente – porte plainte. Elle a également informé qu’une « brigade régionale de sécurité va être déployée pour ramener la sérénité sur le site ».
À noter que les personnels du lycée polyvalent de Cachan se sont désolidarisés de ce que certains qualifient « d’émeutes » via un communiqué diffusé sur les réseaux sociaux.
La crise de l'enseignement public en Île-de-France
Les revendications portées par le personnel et les élèves du lycée Gustave Eiffel à Cachan ne sont pas sans rappeler celles des départements voisins du bassin francilien. Depuis la semaine dernière, les enseignants de Seine-Saint-Denis sont mobilisés, entre grèves et manifestations, afin d'obtenir un plan d'urgence pour les écoles publiques du 93. Bien que les demandes concernent notamment le manque de moyen humain, le matériel et les infrastructures du département sont aussi remis en cause.
Un mécontentement partagé par tous les acteurs de l'école publique en Île-de-France et qui continue de grandir.