Congé paternité doublé : 28 jours avec son bébé, à partir d’aujourd’hui
1er juillet 2021 à 8h04 par Iris Mazzacurati
Le congé paternité - ou du second parent - de 28 jours, dont une semaine obligatoire, entre en vigueur à partir de ce jeudi 1er juillet, une réforme attendue de longue date qui vise à permettre aux pères de s'investir davantage dans la parentalité et la vie du foyer.
A partir d’aujourd’hui, le congé pour un père - ou le second parent - d'un enfant à naître ou adopté, double sa durée. Il sera de 25 jours plus 3 jours de naissance contre 11 plus 3 actuellement.
Dans le cas d'une naissance multiple, sept jours de congés sont ajoutés, soit 32 contre 18 actuellement.
Niveau rémunération : les trois jours du congé de naissance restent à la charge de l'employeur, et les jours restants seront indemnisés par la Sécurité sociale
Une meilleure répartition des tâches
Optionnel, le congé paternité est actuellement pris par environ sept pères sur dix, un chiffre qui a peu évolué depuis son instauration en 2002 et dissimule de fortes inégalités sociales: 80% des salariés en CDI y ont recours, contre moins de 60% en CDD.
"Ce n'est pas qu'une question d'envie des pères, il y a encore de nombreux freins psychologiques notamment vis-à-vis de l'entreprise", estime la psychothérapeute Isabelle Filliozat, vice-présidente de la "Commission des 1 000 premiers jours" qui avait recommandé au gouvernement de porter ce congé à neuf semaines.
Selon elle, cette réforme devrait "inciter davantage de pères à le prendre" car "la semaine obligatoire pourra les aider dans leurs négociations avec leur patron".
En matière de parentalité, beaucoup se joue dès les premiers jours.
"Ce n'est pas une question de rôle ou de sexe", insiste Mme Filliozat. "Si on est au quotidien auprès d'un enfant, on devient plus sensible, attentif et on développe ses compétences parentales".
Or, "les pères n'ont pas suffisamment d'occasion d'avoir du temps avec leurs tout-petits, ils tissent moins d'attachement, se sentent un peu moins concernés et peuvent avoir tendance à laisser les tâches parentales à la mère, ce qui génère de nombreux conflits", analyse-t-elle.
"Dérisoire"
Ces 28 jours restent toutefois "dérisoires" pour Marie-Nadine Prager, du Collectif PAF (pour une Parentalité féministe). "C'est probablement mieux pour tisser un lien avec le bébé mais pas pour revoir la place de chacun au sein du foyer", estime la militante, plaidant désormais pour un congé parental sur le modèle scandinave, bien rémunéré et réparti entre les parents.
Des évolutions pourraient intervenir à la rentrée, à l'issue d'une mission sur la conciliation des temps professionnel et familial menée depuis mars par Christel Heydemann, de Schneider Electric France, et le sociologue Julien Damon.
(Avec AFP)