Grippe, Covid et Bronchiolite : SOS Médecins déborde avec la grève des généralistes
30 décembre 2022 à 11h12 par Michaël Livret
Des patients font parfois 20 à 30 kilomètres pour se rendre dans l’un des cabinets de SOS Médecins ouverts à Paris. La faute à des services d’urgences engorgés et des généralistes en grève.
"Désolé monsieur, nous n'avons pas de médecins disponibles avant 22h ce soir". En cette fin d'année, les services de SOS Médecins font face à une période de "tension inédite", sur fond de triple épidémie et de grève de certains médecins libéraux.
Depuis une semaine, les malades défilent par centaines dans la petite salle d'attente du cabinet de SOS Médecins dans le 13e arrondissement de Paris.
"On a essayé de s'adapter au nombre de patients en rallongeant nos gardes, mais ces derniers jours sont très compliqués", avoue Urfan Ashraf, vice-président de SOS Médecins Grand Paris, en replaçant son masque chirurgical sur le nez.
Le Dr Ashraf et ses 35 confrères de garde à Paris prennent en charge entre 1.200 et 1.500 personnes par jour, soit "30% de plus que l'année dernière", affirme-t-il, désespéré. La semaine dernière, un pic de 1.630 rendez-vous a été atteint, du jamais-vu depuis 10 ans.
"Une double tension"
D'un côté, "une triple épidémie" hivernale avec le Covid, la bronchiolite et la grippe "qui atteint un pic". De l'autre, la grève des généralistes libéraux, à laquelle a appelé le collectif "Médecins pour demain" entre Noël et le jour de l'an pour demander le doublement du tarif de consultation de base (de 25 à 50 euros).
Un mouvement que SOS Médecins "soutient", affirme le Dr Ashraf, mais qui "réoriente les patients vers nos services, déjà saturés".
Dans le centre d'appels de SOS Médecins, les appels s'enchaînent. Entre 30 et 40 personnes patientent avant d’être pris en charge pour trouver un éventuel créneau disponible pour une consultation.
"Des patients vraiment limite"
Chloé Vialle a fait 30 kilomètres depuis le Val-de-Marne pour avoir un rendez-vous. Prise de vertiges depuis quatre jours, elle a d'abord cherché un médecin vers chez elle, "mais mon généraliste fait grève et les centres médicaux n'ont pas de rendez-vous avant trois semaines", déplore-t-elle.
Aux urgences, "on nous a dit de partir, il y avait sept heures d’attente !", raconte, désemparée, cette femme de 26 ans.
À Paris, le Dr Ashraf, s'inquiète lui aussi du "risque d'échappement" des patients laissés sans soins. "Certains viennent et sont en grande détresse respiratoire depuis plusieurs heures. Ils devraient être à l'hôpital, pas dans nos services", dénonce-t-il.
Pour faire face, le responsable évoque une solution : "si j'avais le double voire le triple de médecins, on pourrait peut-être contenir la demande cet hiver".
(avec AFP)