Noël : un cadeau empoisonné pour les femmes ?
12 décembre 2023 à 6h00 par Étienne Escuer
Moments de bonheur et de partage pour de nombreux Français, les fêtes de fin d’année sont aussi une période angoissante pour certaines femmes, sur qui reposent majoritairement la charge mentale de choisir des cadeaux ou d'organiser le repas.
Sur les réseaux sociaux de T’as pensé à ?, les témoignages se sont multipliés : « Je dois emballer le cadeau que mon mari m’offre pour Noël », « Ma belle-mère a organisé une réunion pour organiser le menu, pendant que les hommes mangent de la tarte et boivent un verre en riant » ou encore « Mon mari me dit à neuf jours de Noël qu’il faudrait que je commande mon cadeau de sa part ». Membre du collectif, Marie Vialaret les partage pour sensibiliser à la charge mentale à l’approche des fêtes de fin d’année. « La charge mentale, c’est l’ensemble des pensées qui sont dirigées vers la gestion et la planification de la vie domestique. Ce n’est pas "qui fait quoi ?", mais "qui pense à quoi ? qui prévoit ? qui planifie ?" », explique-t-elle.
Si tout au long de l’année, dans les couples hétérosexuels, la charge mentale a tendance à reposer majoritairement sur les femmes ; cette dernière pèse encore plus particulièrement sur leurs épaules à Noël. « Noël est supposé être un moment dont tout le monde profite, mais beaucoup de femmes n’en profitent pas parce qu’elles sont accaparées par toute l’organisation », confie Marie Vialaret. « Ce sont souvent les femmes qui s’occupent des cadeaux pour les autres et même de la part des autres aussi parfois. »
48% des femmes angoissées par l'organisation des fêtes
Selon une étude IPSOS parue en 2022, 48% des femmes se disaient angoissées par l’organisation des fêtes et de leurs repas, 14 points de plus que les hommes. « Il y a énormément d’attentes autour de ce moment. Au-delà de l’organisation, il faut aussi gérer les éventuels mécontentements ou conflits familiaux. On parle alors de charge émotionnelle », poursuit Marie Vialaret. « Et il y a toute cette pression sociale. Si le repas est mal organisé, on va le reprocher aux femmes et pas aux hommes. »
Les jeunes générations semblent plus sensibilisées à la répartition de la charge mentale au quotidien dans leur couple, note tout de même Marie Vialaret. Mais les fêtes de fin d’année sont un cas particulier, analyse-t-elle : « Même dans un couple où les choses changent, si l’on va dans la famille de l’un ou de l’autre et que les schémas patriarcaux sont très ancrés, on va avoir tendance par mimétisme à reproduire ça. »
L'occasion de mettre le sujet sur la table
Comment faire évoluer les mentalités pour que la charge mentale ne repose plus uniquement sur les femmes ? Doivent-elles aller jusqu’à faire grève de l’organisation des fêtes de fin d’année pour que le message soit compris ? « C’est possible, mais tout le monde ne peut pas se le permettre », confie Marie Vialaret. « Ces fêtes peuvent surtout être l’occasion d’en parler, d’amener la discussion. Pour les personnes qui ne portent pas cette charge, ça peut aussi être le moment de se questionner : est-ce que tout le monde a profité de Noël, en particulier ma mère, ma conjointe ou ma sœur ? »