« Safe place » dans un bar-tabac : ce qu’en pense l’association « En avant toutes »
4 avril 2024 à 9h51 par Estelle Lafont
Ynaée Benaben co-fondratrice et directrice de l'association "En avant toutes"
Crédit : instagram en avant toutes
Fondée en 2013, l’association «En avant toutes » co-fondée et dirigée par Ynaée Benaben lutte pour l’égalité et la fin des violences. Voltage l’a interrogé sur la question des bar-tabac « safe place ».
Déjà expérimentée sur Lille et Nantes, cette initiative pourrait s’étendre au niveau national avec la signature en mars dernier d’un accord entre la FDJ et l’application Umay qui, sur une base de volontariat, permettrait à ces lieux d’apparaître sur l’application comme des « lieux sûrs » en cas de situation problématique.
Rejetée par certains mais qui intéresse Ynaée.
« Ce qui est intéressant dans l’utilisation des bars-tabac c’est le public présent (…) dans l’imaginaire collectif c’est surtout peuplé d’hommes et là justement ce serait de savoir quel est leur rôle ».
Le but n’est pas d’éjecter le public des bars-tabac car il ne correspond pas au standard sécuritaire que tout le monde visualise, le but serait de les impliquer car pour Ynaée « l’impact d’une situation traumatisante est immédiatement diminué si il y a une intervention de la part d’un.une témoin ».
De plus, il est aussi question de mettre à profit les gérants de ces établissements qui sont, au même titre que les employés d’une pharmacie, aptes à recevoir une formation.
« Formation, sensibilisation, mise en sécurité concrète » détaille-t-elle avant de nous donner quelques détails sur les actions d’ « En avant toutes ».
Des programmes gratuits ouverts à partir de 14 ans.
L’association propose des ateliers pour les entreprises, les écoles, gratuits et accessibles à partir de 14 ans, elle est intervenue par exemple dans 8 villes de France dans « le train de l’égalité ».
« Nous ce qu’on voit c’est que la difficulté repose dans la venue en aide (…) les gens sont enclins à aider, ça c’est une bonne nouvelle, mais savoir aider c’est autre chose » explique-t-elle.« Ce n’est pas anodin, il y a des postures à avoir, des phrases à dire, des manières de se comporter qui sont propres à ce genre de situation » précise-t-elle à la question des méthodes qui font la différence entre un témoin utile et un passant lambda non-sensibilisé.
Des idées reçues.
Interrogée sur la situation en Île-de-France, Ynaée Benaben constate que « 100% des femmes en Île-de-France déclarent avoir subi un comportement sexiste dans les transports en commun », loin de l’image que la plupart d’entre nous, nous faisons du harcèlement de rue : « On est loin de la rue sombre, avec un homme inconnu, parfois armé, la grosse majorité des victimes le sont à 15h dans le métro » déplore-t-elle.
Sur la question de l’État, la co-fondatrice d’ « En avant toutes » admet qu’ « en 3 années, le budget alloué a été doucement consolidée alors que c’était le Ministère avec le moins de moyens » mais qu’il est en baisse cette année alors « que les actions entreprises avec ce budget ne font que démontrer le besoin immense (…) les acteurs et associations de lutte contre les violences faites aux femmes ont besoin de 2,6 milliards d’euros et on en est encore loin » termine-t-elle.