Daniel, 34 ans, retrouve l’usage de sa main amputée grâce à cette innovation révolutionnaire
Publié : 17 septembre 2024 à 17h23 par Rubens Constantino
Daniel en train d'essayer sa prothèse de main
Crédit : BioRobotics
En Italie, un homme amputé a pu tester une toute nouvelle prothèse de main, sans électrodes ni fils, uniquement contrôlée par des aimants sous-cutanés. Une avancée plus que prometteuse dans le domaine des prothèses bioniques.
Une main de perdue, une autre de retrouvée. En septembre 2022, la vie de Daniel, un italien de 32 ans, a pris une toute autre tournure. Il perd tragiquement sa main dans un accident, un choc immense pour ce jeune homme qui, du jour au lendemain, se retrouve amputé d’une partie de lui-même. Pourtant, moins d’un an plus tard, une lueur d’espoir émerge. En avril 2023, Daniel devient le premier être humain à tester une prothèse d’un tout nouveau genre, contrôlée non pas par des électrodes ou des fils, mais par des aimants implantés sous sa peau. Ce projet révolutionnaire, mené par l’Institut BioRobotics de Pise, promet de changer sa vie.
Tout part d'un maigre espoir
L’accident qui coûte sa main à Daniel laisse derrière lui des blessures profondes, non seulement physiques mais aussi émotionnelles. Pendant des mois, il tente de s’adapter à cette nouvelle réalité, marquée par l’absence d’un membre si essentiel au quotidien. Cependant, malgré l’amputation, Daniel ressent toujours la présence de sa main gauche. Comme si il pouvait toujours la bouger, comme si finalement, elle était toujours là. Cette sensation de « main fantôme », partagée par de nombreuses personnes amputées, intrigue les médecins. Ce phénomène, associée à l’état quasi-intact des muscles résiduels dans l’avant-bras, fait de Daniel un candidat idéal pour ce projet ambitieux mené par le Professeur Christian Cipriani. L’idée ? Concevoir une prothèse qui fonctionne uniquement grâce à des aimants d’à peine quelques millimètres placés dans les muscles résiduels.
Une technologie sans précédent
En avril 2023, Daniel se rend à l’hôpital universitaire de Pise pour subir une opération. Ces fameux aimants lui sont implantés dans les muscles de son avant-bras gauche. Un dispositif très peu invasif, une première dans le domaine des prothèses de main. Contrairement aux prothèses dites « myoélectriques », utilisant des électrodes pour capter l’activité électrique des muscles, cette prothèse repose sur une technologie appelée « myocinétique ». Le principe est assez « simple », mais innovant : lorsque Daniel contracte ce qui lui reste de muscles, les aimants bougent sa peau. Ce mouvement va générer un champ magnétique, intercepté par des capteurs intégrés dans la prothèse en fibre de carbone. En se basant sur ces données, la main robotique comprend les intentions de Daniel et réagit en conséquence. Sans fils ni batteries, la technologie est à la fois légère et incroyablement réactive, permettant au patient de la contrôler presque naturellement, comme si c’était sa vraie main. Dès les premières utilisations, Daniel commence à retrouver des sensations pourtant oubliées. À chaque contraction des muscles, la main réagit.Les gestes les plus anodins du quotidien lui sont désormais accessibles. Il peut saisir un tournevis, ouvrir un bocal de confiture ou lacer ses chaussures. Fait assez rare, Daniel est même capable d’ajuster sa force pour manipuler les objets les plus fragiles. « J’ai l’impression de bouger ma propre main », confie-t-il avec émotion.
Daniel en train de manipuler un verre avec sa prothèse de main
Crédit : BioRobotics
Vers une nouvelle génération de prothèses ?
L’expérience de cet italien marque un tournant important dans la récente histoire des prothèses bioniques. Alors que la plupart des dispositifs actuels reposent sur des électrodes et des technologies complexes, cette nouvelle approche basée sur les aimants ouvre la voie à des prothèses plus simples, plus légères et plus accessibles, moins invasives. L’équipe à l’origine du projet ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. L’objectif est désormais de savoir si cette technologie peut s’adapter à des configurations musculaires différentes, offrant ainsi de nouvelles possibilités pour de nombreux patients amputés à travers le monde. Un exploit technologique donc, mais humain surtout.