À 10,806m de profondeur, il bat le record français de plongée sous-marine
Publié : 17 octobre 2024 à 17h33 par Rubens Constantino
Jérémie Morizet et Tim McDonald à bord de l'engin sous-marin Bakunawa en 2022
Crédit : Deep Ocean Search
Jérémie Morizet, ingénieur normand et pionnier de l'exploration sous-marine, a plongé dans l'obscurité abyssale de l'océan Pacifique pour battre un record vieux de plus de 60 ans. Mais au-delà de l’exploit, c’est un saut vers l’inconnu technologique qu’il a accompli.
Une plongée historique dans la fosse des Tonga. Dans la nuit du 12 au 13 octobre 2024, Jérémie Morizet est descendu à 10 806 mètres de profondeur, réalisant un nouvel exploit. Cette incroyable plongée a eu lieu dans la fosse des Tonga, deuxième plus profonde dépression océanique au monde après la célèbre fosse des Mariannes. Ce lieu, situé en plein cœur de l’océan Pacifique, reste un territoire presque inexploré, où la pression écrasante et l’obscurité totale transforment chaque descente en un véritable défi technologique et humain.Avant lui, seul un autre Français avait marqué l’histoire des grandes profondeurs : Henri-Germain Delauze. En 1962, cet ingénieur avait atteint 9 545 mètres de profondeur, un exploit remarquable pour l’époque. Jérémie Morizet est allé bien au-delà de ce seuil, repoussant les limites humaines avec une descente qui le fait entrer dans le cercle très fermé des plongeurs ayant franchi les 10 000 mètres de profondeur. Seuls 23 autres aventuriers ont relevé ce défi depuis l’exploit fondateur de Don Walsh et Jacques Piccard en 1960, lorsqu’ils atteignirent 10 916 mètres dans la fosse des Mariannes.
Une exploration technologique
Cette plongée ne se résume pas à un exploit sportif. Morizet a mené cette expédition dans le cadre de ses recherches pour Deep Ocean Search, son entreprise spécialisée dans l’exploration des abysses, basée à l’île Maurice. À bord du submersible Bakunawa, piloté par Luke Siebermaier, expert australien des plongées extrêmes, il a testé un système de positionnement inédit. Ce prototype est capable de guider un engin mobile jusqu'à 11 km de profondeur, une prouesse jamais réalisée auparavant. Ces tests ouvrent de nouvelles perspectives pour l'exploration sous-marine, mais aussi pour la recherche scientifique, permettant d’explorer des territoires inaccessibles jusque-là.
Photo du Bakunawa
Crédit : Wikipédia
Voyage vers l'inconnu
Plonger à de telles profondeurs, c’est s’immerger dans un environnement que peu de personnes ont eu la chance de voir de leurs yeux. À plus de 10 000 mètres sous la surface, la lumière disparaît, la température chute et la pression dépasse les mille bars. À cette profondeur, les formes de vie sont rares, mais elles existent, et leur étude pourrait révéler des secrets insoupçonnés sur l’évolution de la vie sur Terre.
L’expédition de Morizet n’est donc pas seulement une quête personnelle ou un défi de l’ingénierie humaine. C’est une contribution essentielle à la compréhension des océans, ce vaste territoire qui couvre plus de 70 % de la surface du globe et dont nous connaissons encore si peu. Seuls 5% des profondeurs océaniques ont été éxplorés...