La police a demandé jeudi soir les vidéos du Stade de France, après l’audition au Sénat
10 juin 2022 à 11h40 par Michaël Livret avec AFP
La police, chargée d'enquêter sur les faux billets lors de la finale de la Ligue des Champions, a demandé jeudi soir au Stade de France les images des violences filmées par ses caméras, peu après l'annonce au Sénat qu'elles avaient été détruites.
"Toujours espoir" de les récupérer… Cette demande a été envoyée par la Brigade de répression de la délinquance astucieuse (BRDA) de la police judiciaire parisienne, chargée par le parquet de Bobigny d'enquêter sur la fausse billetterie le soir de la finale Real Madrid-Liverpool, précédée par des scènes de chaos aux abords du Stade de France.
"Nous avons effectivement envoyé une réquisition même si ces vidéos ne seront pas très utiles pour notre enquête sur les faux billets, elles seront plus utiles pour les violences et les agressions", a indiqué cette source, confirmant une information du Monde.
"Nous attendons le retour pour savoir si ces images ont été supprimées ou conservées"
Interrogée sur la temporalité de cette demande, alors qu'un responsable de la Fédération française de football (FFF) avait révélé quelques heures plus tôt lors de son audition au Sénat que les images avaient été détruites au bout de sept jours faute de réquisition, la source a dit avoir "toujours espoir" de les récupérer, sans plus de détails.
L'information de jeudi soir "selon laquelle ces images ne seraient pas conservées un mois, durée légale maximum autorisée, mais seulement quelques jours - information que nous ignorions- nous a conduits à les solliciter tout de même", a expliqué le parquet de Bobigny.
"Nous attendons le retour pour savoir si ces images ont été supprimées ou conservées", a-t-il ajouté.
Colère dans l’opposition
Cette révélation a suscité colère et incompréhension chez les sénateurs et, au-delà, dans l'opposition.
Cela "porte à croire qu'on a sciemment laissé détruire des pièces à conviction compromettantes", selon le chef de file des sénateurs LR Bruno Retailleau.
"J'ai tout de suite été stupéfait, j'ai trouvé que c'était très grave", a commenté David Assouline, vice-président PS de la commission des lois du Sénat, vendredi sur franceinfo, dénonçant un "manque de coordination incroyable" du préfet de police et des responsables politiques.
"Ça s'appelle couvrir ses traces", a réagi Marine Le Pen, candidate RN aux législatives dans le Pas-de-Calais, sur BFMTV. L'absence d'images permet de "couvrir leurs mensonges énormes", a-t-elle ajouté, visant les ministres de l'Intérieur Gérald Darmanin et de la Justice Eric Dupond-Moretti.
La préfecture de police a rappelé que ses propres images étaient à la disposition de la justice.