Grève des éboueurs : que risquent les employés refusant la réquisition du préfet de police de Paris ?
15 mars 2023 à 12h34 par Lucas Pierre
Les éboueurs entament ce mercredi leur neuvième journée de grève, alors que les déchets continuent de s’entasser dans les rues parisiennes. Mais pour combien de temps la situation va-t-elle perdurer ? On fait le point.
Pour combien de temps les déchets vont-ils encore s’accumuler dans les rues parisiennes ? Le mouvement de grève des éboueurs, débuté il y a maintenant plus de 10 jours, a été reconduit, ce mardi, jusqu’au lundi 20 mars, au moins. Les agents, employés par la Ville, se mobilisent contre le projet de réforme des retraites voulu par le gouvernement, qui reporterait l’âge légal de départ de 62 à 64 ans.
Mais la situation n’est pas au goût de tout le monde. Notamment du gouvernement. À l’issue d’un nouveau conseil des ministres, son porte-parole, Olivier Véran, a rejeté la faute sur Anne Hidalgo, l’accusant « d’imposer » l’état des rues aux Parisiens. Le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, a, de son côté, demandé au préfet de police de Paris, Laurent Nunez, d’exiger la réquisition de personnel auprès d’Anne Hidalgo. La principale motivation de Gérald Darmanin serait sanitaire si l’on en croit son entourage auprès de l’AFP.
Le préfet de police passe à l'action
« Il n’est pas question que nous réquisitionnions » rétorque de son côté le premier adjoint à la maire de Paris, Emmanuel Grégoire. « La première raison, c’est que la réquisition ne fonctionnerait pas, nous n’y croyons pas du tout. La deuxième, c’est que nous n’allons pas contre l’exercice du droit de grève dès lors qu’il n’y a pas de mise en danger de la vie d’autrui et de la salubrité publique, et nous nous assurons que ça ne soit pas le cas » ajoute l’élu. Avant de rappeler qu’il s’agit d’un « sujet qui relève de l’État. L’État peut réquisitionner s’il le souhaite. Il n’a pas besoin que les maires le demandent ».
C'est désormais chose faite. Face au refus d'Anne Hidalgo de répondre favorablement à la demande du ministre de l'Intérieur, le préfet de police de Paris, Laurent Nunez, a ordonné, ce mercredi 15 mars au soir, la réquisition d'éboueurs pour ramasser les milliers de tonnes de déchets entassés dans les rues parisiennes. La maire de Paris a donc obligation d'envoyer une liste d'employés, avec nom, prénom et qualité. Légalement, les éboueurs réquisitionnés n'ont pas le droit de refuser. Ceux qui décideraient, malgré tout, de poursuivre le mouvement de grève, s'exposeraient à une amende de 10.000 euros et une peine de 6 mois de prison.
Pourquoi certains arrondissements sont-ils épargnés ?
Sur le plan sanitaire, l’Agence Régionale de Santé (ARS) a indiqué relever son niveau de vigilance face à l’accumulation de déchets dans les rues parisiennes. L’ARS appelle également à « des règles de bon sens », comme une « surveillance des enfants dans les espaces extérieur à renforcer ».
Il est aussi bon de rappeler que la ville de Paris possède un fonctionnement particulier quand il est question du ramassage de déchets. Si la mairie emploie des agents dans plusieurs arrondissements, d’autres lieux de la capitale sont en fait gérés par des entreprises privées. Raison pour laquelle certains arrondissements (1er, 3e, 4e, 7e, 10e, 11e, 13e, 15e, 18e, 19e) ne sont pas impactés par la grève des éboueurs.