Seine-et-Marne : les responsables d’une école talmudique interpellés et placés en garde à vue
1er février 2022 à 14h44 par Lucas Pierre avec AFP
La police est intervenue ce lundi matin dans l'établissement scolaire.
Crédit : CC0
Seize responsables d’un établissement scolaires talmudique ont été interpellés avant d’être placés en garde à vue ce lundi matin. L’école, hors du circuit de l’Education nationale et située et en Seine-et-Marne, fait l’objet d’une enquête pour séquestration en bande organisée, violences aggravées, privation de soins et d’aliments et abus de faiblesse aggravés.
Quarante-deux élèves de l'école talmudique de Bussières (Seine-et-Marne), âgés de 12 à 18 ans, ont été pris en charge lundi par l'aide sociale à l'enfance (ASE) après le placement en garde à vue des 16 responsables de cet établissement soupçonnés de maltraitance, a indiqué mardi le département. L'ASE « a pris en charge 42 enfants de 12 à 18 ans qui n’ont pas d’autorité parentale sur le territoire français dans le cadre d’un accueil administratif d’urgence sur cinq jours », indique le département dans un communiqué. « A l’issue de ces cinq jours, ces jeunes seront soit rentrés chez les parents soit confiés à l’ASE par décision judiciaire », poursuit le département.
Ces jeunes « sont accueillis dans un internat mis à disposition par l’Éducation nationale, et l’association La Croix rouge s’occupe de l’encadrement éducatif des jeunes, l’organisation des repas et la gestion du quotidien ». Seize responsables de l'école talmudique ont été placés en garde à vue lundi, soupçonnés de maltraitances physiques et psychologiques envers la soixantaine d'élèves de l'établissement, principalement des mineurs américains et israéliens, avait indiqué la procureure de la République de Meaux Laureline Peyrefitte. « Cet établissement accueillerait de manière non déclarée de nombreux mineurs de nationalité américaine et israélienne ne parlant pas le français, dans des conditions abusives : enfermement, confiscation des documents d'identité, conditions de vie dégradées, actes de maltraitances, absence d'accès à l'éducation et aux soins et sans possibilité de revenir dans leurs familles », avait détaillé la procureure.
Une enquête ouverte
Situé dans un domaine isolé du nord-est du département, l'établissement accueille 40 adolescents de plus de 12 ans, ainsi que 22 jeunes majeurs. Le bâtiment logeant les mineurs fait également l'objet d'un arrêté de fermeture au public du fait de son état de délabrement. Implanté depuis une vingtaine d'années, l'établissement hors contrat n'est pas dans le circuit de l’Éducation nationale. Quelques alertes sur ce « milieu extrêmement fermé » étaient remontées via le rectorat, et la plainte d'un adolescent qui s'en était échappé a accéléré l'enquête. En juillet, un élève américain avait fugué et trouvé refuge à l'ambassade américaine à Paris. De novembre à décembre, d'autres adolescents se sont échappés.
La Mission Interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes) avait aussi émis un signalement. Une enquête a été ouverte des chefs de séquestration en bande organisée, violences aggravées, privation de soins et d'aliments, abus de faiblesse aggravé, a précisé Laureline Peyrefitte dans le communiqué. « Les premiers éléments de l'enquête, notamment l'audition de mineurs en fugue ou d'anciens élèves de l'établissement, permettaient de confirmer ces suspicions de commission d'infractions », a déclaré la procureure. Selon le site internet de l'école, l'institution Ohr Yossef, dont dépend la Yeshiva Beth Yossef, a été fondé en 1948 par le rabbin orthodoxe Gershon Liebman.