Patients transférés, écrans noirs : l’hôpital de Versailles victime d’une cyberattaque

5 décembre 2022 à 10h07 par Michaël Livret

Illustration - L'hôpital de Versailles est paralysé par une attaque informatique

Crédit : Sora Shimazaki

L'activité de l'hôpital de Versailles est sérieusement affectée par une cyberattaque. Cette tentative de piratage informatique a contraint le centre hospitalier situé au Chesnay-Rocquencourt, qui emploie 3.000 soignants et accueille en temps normal quelque 700 patients, à couper son système informatique et à réduire l'entrée des malades, a indiqué sa direction.

Une fois de plus, un hôpital est la cible d’une cyberattaque. La cyberattaque vise la totalité de l'établissement, dont l'hôpital André-Mignot, la maison de retraite Despagne et l'hôpital Richaud à Versailles précise la direction.


Selon l'Agence régionale de santé (ARS), l'hôpital André Mignot a déclenché son plan blanc, partiellement déprogrammé les activités du bloc opératoire et "met tout en œuvre" pour maintenir les soins ambulatoires et les consultations.


Du personnel a été mobilisé en plus dans les services de réanimation ou de soin continu et du matériel a été amené en renfort alors que l'attaque "n'est pas encore circonscrite", a expliqué le ministre de la Santé François Braun dimanche soir, après une visite de l'établissement.


"C'est la galère, on doit tout refaire sur papier à la main"


Les "machines de soins" fonctionnent mais pas leur "mise en réseau", "donc il faut plus de monde pour surveiller les patients en service de réanimation, il faut une personne devant chaque chambre pour surveiller les écrans", a détaillé le ministre, qui a parlé d'une "réorganisation totale de l'hôpital".


"C'est la galère, on doit tout refaire sur papier à la main depuis ce matin (dimanche) et les médecins doivent faire toutes leurs prescriptions de médicaments manuellement aussi", ont expliqué sous couvert d'anonymat trois aides-soignantes.


L'hôpital, qui a déjà été la cible d'attaques les mois derniers mais déjouées, s'est "mis en mode protection des données". Le Samu "n'est pas atteint" et "s'est mis en ordre de marche pour réagir" en cas de transferts, a-t-il poursuivi le ministre.


Des patients transférés


"L'accueil est extrêmement limité (...) ceux qui sont contraints d'aller aux urgences et qui vivent dans la région de Versailles, appelez le 15", a conseillé le ministre délégué à la Transition numérique, Jean-Noël Barrot, évoquant une "attaque d'ampleur".


Depuis samedi soir, il y a "déjà eu six transferts de patients", "les plus lourds" (trois du service réanimation et trois de celui de néonatologie), selon le ministre de la Santé, et d'autres transferts pourraient avoir lieu.


Le parquet de Paris a ouvert une enquête préliminaire pour tentative d'extorsion, accès et maintien dans un système numérique mis en œuvre par l'Etat, introduction de données et entrave à ce système, le tout en bande organisée, a-t-il détaillé. 


Le 22 août dernier, c'est le Centre hospitalier Sud Francilien (CHSF) de Corbeil-Essonnes qui avait été la cible d'une cyberattaque. Son fonctionnement avait été fortement perturbé pendant plusieurs semaines, avant de revenir proche de la normale à la mi-octobre.


(avec AFP)