Faux papiers : le trafic alimentait le grand banditisme

Publié : 7 juin 2021 à 10h42 par Iris Mazzacurati

L'enquête est partie en juillet 2020 d'une affaire initiée par la brigade mobile de recherches (BMR)

Crédit : CC0 - photo d'illustration

Un réseau, qui fournissait sur commande des faux papiers d'identité ou des permis de conduire à de gros trafiquants de drogue ou des criminels en fuite, a été démantelé la semaine dernière.

Six hommes ont été mis en examen vendredi 4 juin et trois d'entre eux ont été placés en détention provisoire dans le cadre d'une instruction ouverte à la Juridiction interrégionale spécialisée (Jirs) de Paris. En moins d'un an, la bande a écoulé au moins 70 faux documents français, belges, suisses ou espagnols (passeports, cartes nationales d'identité, permis de conduire), facturés 1 500 euros pièce en moyenne, a indiqué à l'AFP Xavier Delrieu, chef de l'Office central pour la répression de l'immigration irrégulière et de l'emploi d'étrangers sans titre (Ocriest). L'enquête est partie en juillet 2020 d'une affaire initiée par la brigade mobile de recherches (BMR) de Versailles "à la suite de l'obtention indue d'une carte nationale d'identité", à la préfecture des Yvelines. Les enquêteurs de l'Ocriest, rattachés à la direction centrale de la police aux frontières (DCPAF), ont ainsi pu remonter jusqu'au faussaire puis et "après plusieurs mois de travail, identifier tous les membres du réseau", a poursuivi M. Delrieu. Celui-ci était constitué de plusieurs faussaires, de relais pour rabattre les clients et de complices pour blanchir les papiers falsifiés, notamment des auto-écoles ou un cordonnier qui fournissait de faux tampons. Parmi les bénéficiaires figuraient plusieurs trafiquants de drogue "du haut du spectre", a précisé le commissaire, et au moins deux criminels en fuite, également mêlés au trafic de stupéfiants, ont été interpellés en octobre 2020 et février par la Brigade nationale de recherche des fugitifs (BNRF), grâce à cette enquête. Des étrangers en situation irrégulière ont également profité du trafic. "Cela leur servait soit à échapper aux recherches, à ne pas respecter leurs contrôles judiciaires ou à circuler librement en France, en Europe et dans le monde", a-t-il ajouté. Les faux documents "de très bonne qualité", soit volés puis falsifiés, soit créés de toute pièce et envoyés par colis depuis la Turquie, ont pu être décelés grâce au travail de Division de l'expertise en fraude documentaire et à l'identité (Defdi). Lors des perquisitions, 17 000 euros en liquide, 22 cartes nationales d'identité, des passeports, des imprimantes et des plastifieuses ont été saisis. (Avec AFP)