La sureté nucléaire mitigée en Ile-de-France

19 octobre 2017 à 8h19 par Mikaà«l Livret

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L'Ile-de-France n'a pas de centrale nucléaire à proprement dit, mais onze installations sensibles sont réparties sur deux sites au sud de Paris. Leur niveau de sûreté est parfois insuffisant, selon le bilan 2016 dressé mercredi par l'Autorité de Sûreté Nucléaire. Un état des lieux du nucléaire médical a également été rendu.

Parmi les bons élèves, le centre CEA de Saclay s'en sort le mieux. Le Commissariat à l'énergie atomique et aux énergies alternatives possède 8 installations nucléaires sur son site de l'Essonne. Un centre qui présente des conditions de sûreté jugées "satisfaisantes" par l'ASN, qui y a mené l'an dernier 17 inspections. Plusieurs réacteurs dédiés à la recherche ou à l'enseignement sont en cours de démantèlement, comme Ulysse arrêté en 2007. L'autorité indépendante recommande toutefois de respect le calendrier. Elle souligne que le CEA a reporté de plus de deux ans le dépôt du dossier de démantèlement d'Osiris, réacteur pourtant stoppé en décembre 2015.

Là où la sureté a des failles, c’est au centre CEA de Fontenay-aux-Roses (Hauts-de-Seine), et ses deux installations nucléaires dont le niveau de sûreté est jugé "insatisfaisant" selon l'ASN. L'Autorité de Sûreté Nucléaire a relevé un nombre significatif d'arrêts prolongés des ventilations, liés à des dysfonctionnements électriques. L'autorité rappelle que "la maîtrise du risque d'incendie reste un enjeu" et invite le CEA à mieux surveiller les activités sous-traitées. Les quatre inspections menées en 2016 ont révélé un manque de rigueur dans l'entreposage des déchets, des procédures pas toujours bien suivies, ainsi que des problèmes de gestion et d'organisation.

Et puis de nouveau à Saclay, l'usine CIS Bio International, qui produit des médicaments radiopharmaceutiques et donc manipule des sources radioactives, doit "progresser de manière significative en matière de sûreté nucléaire". Les six inspections conduites l'année dernière par l'ASN ont montré des lacunes à différents niveaux (défauts de rigueur dans l'exploitation, non respect des procédures, problèmes d'organisation récurrents). Le site reste sous surveillance renforcée en 2017.

Radiations médicales : 29 incidents en Ile-de-France

L'Autorité de sûreté nucléaire a aussi réalisé 157 inspections l'an dernier dans le domaine du "nucléaire de proximité" en Ile-de-France, qui concerne essentiellement le secteur médical (radiothérapie, interventions radioguidées, médecine nucléaire, scanner). Conclusion : le niveau de radioprotection est globalement satisfaisant dans la région.

Le nucléaire médical est la première source d'irradiations. 29 événements ont ainsi été signalés en 2016, surtout des incidents mineurs. Plusieurs patients ont néanmoins reçu des doses de radiations anormalement élevées. Et un malade a été victime d'une erreur médicale au CHI de Poissy-Saint-Germain-en-Laye (78) en recevant un traitement du mauvais côté. Un événement suffisamment sérieux pour être classé au niveau 2. Le nombre réel d'incidents est sans doute bien plus important car beaucoup d'événements ne sont pas détectés ou déclarés, selon l'ASN.