500 euros d'amende pour avoir tagué "Négrophobie d'Etat" sur la statue de Colbert
28 juin 2021 à 10h30 par Iris Mazzacurati
La statue de Colbert devant l'Assemblée nationale, liée à l'histoire coloniale française est - parmi
Crédit : Twitter @s_assbague
Le militant "anti-négrophobie" Franco Lollia, qui avait tagué la statue de Colbert devant l'Assemblée nationale en 2020, a été condamné lundi 28 juin, à une amende de 500 euros.
Il devra aussi payer 1 040 euros à l'Assemblée nationale pour le préjudice matériel. Franco Lollia était présent pour entendre le jugement, en T-shirt blanc siglé de son collectif Brigade anti-négrophobie, grosses lunettes transparentes sur le nez. Le 23 juin 2020, devant l'Assemblée nationale, le Guadeloupéen de 49 ans avait tagué "Négrophobie d'Etat" en rouge sur le socle de la statue de Colbert, ministre de Louis XIV et initiateur du Code noir qui a légiféré sur l'esclavage dans les colonies françaises. Il avait ensuite jeté de la peinture rouge sur la statue. Il avait été aussitôt interpellé. "Ce qui est interdit, c'est le racisme. Cet homme-là (Colbert) fait l'apologie de la négrophobie", avait-il dit aux forces de l'ordre, dans une scène filmée et mise en ligne sur les réseaux sociaux par la Brigade anti-négrophobie.
Hasard du calendrier, le procès s'est tenu le 10 mai, date de la Journée nationale des mémoires de la traite, de l'esclavage et de leurs abolitions. Elle était marquée cette année par les 20 ans de la loi du 21 mai 2001 qui, portée par l'ex-ministre de la Justice Christiane Taubira quand elle était députée, reconnaît la traite et l'esclavage comme crimes contre l'humanité.
"Une acte politique"
Pendant une longue audience, Franco Lollia et ses cinq avocats ont transformé le procès en tribune pour expliquer un "acte politique". La décision du tribunal "montre que la France n'a jamais rompu avec le Code noir", a réagi Franco Lollia après le délibéré. "L'Etat français, toujours néocolonial, continue à assumer de manière officieuse la négrophobie d'Etat" a-t-il ajouté. "La seule réponse à une demande de justice sociale, c'est le déni et la répression", a dit son avocat Guy Florentin, regrettant que "la justice se fasse complice d'un crime contre l'humanité". Il a annoncé qu'il ferait appel. Le tag de la statue, largement condamné par la classe politique, était intervenu dans le sillage des manifestations antiracistes qui ont eu lieu dans le monde après la mort de George Floyd, un homme noir, au cours d'une violente arrestation policière aux États-Unis.
Depuis, les monuments et statues liés à l'histoire coloniale française ou à la traite négrière sont au centre d'une polémique mémorielle. (Avec AFP)