Alisha, 14 ans, harcelée et jetée dans la Seine : deux adolescents devant la justice du Val-d’Oise
4 avril 2022 à 8h26 par Michaël Livret
Alisha, 14 ans, harcelée et jetée dans la Seine : deux adolescents devant la justice du Val-d’Oise
Crédit : Viaduc de Gennevilliers - Google Maps
Deux adolescents sont jugés par le tribunal pour enfants de Pontoise pour l'assassinat d'Alisha, âgée de 14 ans, en mars 2021 à Argenteuil (Val-d'Oise).
Une collégienne harcelée, frappée puis jetée dans la Seine. Âgés de 15 ans au moment des faits, le garçon et la fille mis en cause comparaissent à partir de ce lundi 4 avril, et jusqu’à jeudi, à huis clos. Ils encourent jusqu'à vingt ans de prison.
Alisha est morte noyée dans la Seine le 8 mars 2021 après avoir été violemment frappée par deux de ses camarades, qui la harcelaient depuis la diffusion sur Snapchat de photos d'elle en sous-vêtement quelques jours plus tôt.
L'affaire avait suscité une vive émotion dans tout le pays et remis en lumière le fléau du harcèlement sur les réseaux sociaux.
Les vêtements couverts de sang
Ce jour-là, Alisha avait retrouvé une fille de sa classe au pied des piliers du viaduc de l'autoroute A15 qui enjambe la Seine, sur un chemin à l'écart des habitations, avait décrit peu après les faits le procureur de Pontoise.
Quelques minutes plus tard, un garçon s'était approché de la victime et lui "aurait donné par surprise des coups au visage, lui aurait tiré les cheveux et lui aurait fait une balayette la faisant tomber au sol", avait détaillé le magistrat.
Cherchant à "faire disparaître les traces des violences qu’ils avaient commises", les deux mineurs accusés ont alors attrapé la victime pour la jeter dans la Seine.
Quand le couple revient au domicile du jeune homme, celui-ci, les vêtements couverts de sang, rapporte les faits à sa mère, qui prévient la police.
Une forme de "revenge porn" version adolescente
Les deux adolescents se changent et "ne montrent pas d'expression de panique", selon l'enquête. Ils quittent rapidement le domicile et se rendent à Paris pour y manger, avant d'aller chez un ami qui ne sera pas mis au courant du drame.
La victime et ses deux bourreaux se sont rencontrés à la rentrée de septembre 2020 au lycée professionnel Cognacq-Jay, un établissement privé du centre-ville d'Argenteuil. Ils ont vite sympathisé. Puis leurs relations se sont dégradées, entre amourettes et "futilités" adolescentes, selon le parquet. En février 2021, Alisha se fait pirater son téléphone et des photos d'elle en sous-vêtements sont diffusées sur le réseau social Snapchat. La jeune fille se fait "fisha" (affichée) dans son lycée, une forme de "revenge porn" version adolescente.
Une jeune fille sérieuse à l’école
A cet épisode s'ajoutent une bagarre entre les deux jeunes filles et la colère du jeune homme, qui ruminait l'affront d'une insulte à l'encontre de son père décédé. Les choses se sont envenimées au point que l'établissement a exclu les deux mineurs pour le harcèlement de la victime. Ces "futilités" auraient justifié l'envie de s'en prendre à la collégienne, selon des SMS échangés entre les deux protagonistes versés au dossier.
Quelques jours après ce drame, plus de 2.000 personnes avaient participé à une marche blanche pour rendre hommage à la jeune fille "très sérieuse à l'école", "formidable, serviable" et se rêvait "expert-comptable", avait confié sa mère.