Abandons d’animaux à la SPA : « L’été s’annonce catastrophique »

4 juillet 2023 à 6h00 par Hugo Harnois

La SPA a lancé sa nouvelle campagne de sensibilisation face aux abandons

Crédit : Pixabay

LA SPA a lancé sa nouvelle campagne de sensibilisation tandis que vont débuter les grandes vacances. Le moment de faire le point sur la situation nationale avec le directeur général de l’association : Guillaume Sanchez.

Plus de 7000 chats ont été recueillis en France par la SPA depuis le début de l’année. Concernant les chiens, le chiffre est légèrement en-deçà. Au total, cela représente une augmentation de 5% par rapport à l’an dernier, alors qu’en parallèle, les adoptions n’ont augmenté que de 1%. Derniers chiffres pour bien comprendre l’ampleur du phénomène : en moyenne, 15.000 chiens et chats sont recueillis dans les 62 refuges et les maisons de la SPA durant la période estivale seulement.


« La situation est mauvaise depuis début 2023 avec un été qui s'annonce catastrophique », déplore Guillaume Sanchez, directeur général de l’association, rappelant que « la principale difficulté » à cette période de l’année, c’est « qu’on a du mal à faire adopter puisque beaucoup de Français préfèrent penser aux vacances. » Par ailleurs, il faut savoir que lorsque l’on adopte un chien ou un chat, ce sont non pas un, mais deux animaux sauvés : « un animal adopté libère un box, donc ça nous permet systématiquement d’en faire entrer un nouveau. Quand vous adopter un animal, il y a celui qui vient chez vous, et celui que vous faites entrer à la SPA ».


 


Les raisons de l'abandon


Comment expliquer encore aujourd’hui ces trop nombreux gestes d’abandons ? Souvent, ces derniers sont liés à des ruptures de la vie comme le divorce, le chômage, la vieillesse et le placement en maison de retraite. En pleine période d’inflation (la nourriture animale aurait subi une hausse de 40% en 2023, d’après Michel-Édouard Leclerc), le contexte économique fragilise également les maîtres les plus précaires. Même logique pour les coûts d’opérations imprévues, et parfois onéreux. Guillaume Sanchez donne un exemple très concret, quand il s’est rendu dans un dispensaire il y a deux mois : « un homme avait un chat qui s’était fracturé la colonne vertébrale, et l’opération coûtait 1400 euros. Ce Monsieur, travailleur modeste, a malheureusement dû l’abandonner ».


Autant de raisons qui poussent certains à se séparer de leurs animaux de compagnie. Mais il y a « abandonner » et « abandonner ». Cela peut se faire en plein milieu d’une forêt, où l’on attache son chien à un arbre. Et cela peut se faire de manière plus réfléchie, en accompagnant sa bête dans une association. Malheureusement, « l’immense majorité de nos animaux continuent de venir de la fourrière, ça n’évolue pas », regrette le directeur de l’association.


 


Nouveau clip à la sauce Kaamelott


C’est pourquoi les campagnes de sensibilisation sont encore et toujours nécessaires en 2023. Cette année, la SPA a décidé de se tourner vers l’humour en proposant une vidéo intitulée « Il était une fois… l’abandon », sur un ton « décalé et drôle à la mode Kaamelott », en mettant l’accent sur ce message : « parfois la meilleure adoption c’est celle qu’on ne fait pas, le meilleur achat, c’est celui qu’on ne fait pas », insiste Guillaume Sanchez. La campagne est diffusée sur Internet, les réseaux sociaux, mais aussi à la télévision et dans certaines salles de cinéma.


 

Pourquoi aller sur le terrain de l’humour pour évoquer un sujet aussi lourd de sens ? « Car je pense que nous sommes dans une époque qui est difficile, et si on tire sur la même corde, on épuise un peu les gens qui en ont marre de n’avoir que de la morosité. En mariant les styles : humour, tristesse, amitié, dessin animé, compassion, joie… on va essayer de jouer sur toutes les palettes humaines afin que les gens se sentent touchés personnellement », analyse le directeur.


 


D'autres moyens de lutter


Sur le terrain législatif, « des peines existent », assure-t-il, mais il est toujours très compliqué de prendre une personne sur le fait. Il ajoute faire pression sur les pouvoirs publics pour que les choses évoluent. Exemple sur Internet : « avec des groupes comme Le Bon Coin ou Facebook, où les animaux sont échangés comme des marchandises sans aucun contrôle. L’État, de ce point de vue-là, se mobilise assez peu. » La SPA souhaiterait aussi que l’identification des chats devienne obligatoire chez le vétérinaire, et propose deux choses : « que l’identification vétérinaire se fasse à un tarif unique, fixé partout en France de manière à faciliter la réalisation de l’acte, et permettre au vétérinaire d’avoir une clientèle fidélisée. Et la deuxième chose, c’est que les gens qui adoptent bénéficient d’un crédit d’impôt ». Guillaume Sanchez reconnait avoir des échanges avec le ministre de l’Agriculture plutôt « constructifs ».


Pour conclure, afin de placer les futurs maîtres dans les meilleures conditions possibles lors de l’adoption de leurs chiens, le directeur soutient que « beaucoup de bénévoles font des visites post-adoption quand ils le peuvent. Et quand il y a des difficultés, on n‘hésite pas à donner du conseil et faire appel à un éducateur. » En ressort un taux de retour des animaux très faible, de l’ordre de 3,5% à la SPA. Un chiffre, enfin, qui a le mérite d’être positif.